Retour d'expérience sur la formation et l'examen
Mon chemin vers la licence CEPT
Pour obtenir une licence qui permet d’émettre sur les ondes réservées aux radioamateurs et d’avoir un indicatif personnel, il faut passer une épreuve théorique. En Suisse, cette session réglementée est organisée par l’OFCOM (Office fédéral de la communication), basé à Bienne.
En 2023, j’ai obtenu ma licence radioamateur NOVICE. Il m’a fallu environ deux mois pour découvrir et apprendre en autodidacte les bases nécessaires pour réussir mon examen.
En 2024, j’ai voulu tenter la session CEPT, toujours en solitaire. Cette épreuve se distingue par un niveau d’exigence supérieur, nécessitant non seulement la connaissance et la compréhension, mais aussi la maîtrise des notions techniques, ce qui impose une préparation plus rigoureuse. Pour me préparer, je me suis procuré le livre Le Radioamateur d’Olivier Pilloud afin d’étudier et de comprendre en profondeur les notions requises.
Quelques temps avant la date prévue de l’épreuve, l’OFCOM a décidé de modifier complètement les questions et de les rendre inaccessibles aux apprenants. Je me suis tout de même présenté à cette session, convaincu d’avoir travaillé sérieusement. Et j’ai échoué. Étonné par le niveau de difficulté des nouvelles questions, il m’est rapidement apparu que, sans une formation adaptée, il serait quasiment impossible de réussir. C’est pour cette raison que j’ai créé cette page : pour partager mon expérience et, je l’espère, faire gagner du temps à d’autres.
La session consiste à répondre correctement à 40 questions à choix multiples portant sur des sujets techniques liés à la radiocommunication et à l’électricité, ainsi que sur la législation encadrant l’activité de radioamateur. 95 minutes sont à disposition pour atteindre au moins 70 % de bonnes réponses. Les questions sont très variées, tant dans leur niveau de difficulté que dans les thèmes abordés, et, selon moi, il est indispensable de suivre une formation ciblée pour réussir cette épreuve.
Le meilleur conseil que je peux donner pour gagner du temps et de l’argent est de s’inscrire à une formation proposée par une section cantonale de l’USKA. Pour ma part, j’ai suivi celle des Radio Amateur Vaudois et ma tentative en 2025 a été un succès. Cela a été le cas pour la quasi-totalité des participants.
Évidemment, cette formation a un coût. Mais l’épreuve de l’OFCOM aussi. Et une deuxième tentative, après avoir manqué la première par manque de préparation suffisante, peut vite faire grimper le budget. Croyez-en mon expérience !
La formation des Radio Amateurs Vaudois
La formation s’étend sur 10 mois et débute en septembre. Les cours sont dispensés une fois par semaine en ligne, durant deux heures. À partir de la moitié du programme, une deuxième séance hebdomadaire est ajoutée afin de consolider les acquis.
Les cours sont ouverts à tous, à condition de s’investir en temps et en énergie dans cet apprentissage. Le seul prérequis pour suivre cette formation est la motivation ! Cette formation demande un engagement réel : travail régulier, rigueur et persévérance sont nécessaires pour assimiler les connaissances et compétences transmises.
Les cours sont dispensés par des instructeurs qualifiés, passionnés et toujours prêts à répondre aux questions des participants. Leur mission est claire : former de nouveaux radioamateurs. À l’image de militaires, ils s’engagent pleinement à ne jamais faillir à cette mission. Ils accompagnent les élèves pas à pas, depuis le tout premier cours jusqu’au moment où ils franchissent la porte de l’OFCOM le jour de l’épreuve, en apportant soutien et conseils tout au long du parcours.
La formation commence par une révision des bases mathématiques : arrondis, règle de trois, puissances, racines carrées, ordre des opérations et transformations de formules. Ces fondations permettent d’aborder sereinement les notions fondamentales d’électricité, puis les circuits plus complexes comprenant bobines et condensateurs. La loi d’Ohm n’a plus aucun secret pour les apprenants.
La deuxième partie de la formation se concentre sur les composants électroniques : diodes, transistors, FET, tubes… Cette étape met à l’épreuve la ténacité des élèves, mais la perspective de pouvoir établir des contacts à travers le monde avec son indicatif personnel donne la motivation nécessaire pour tenir bon !
Par la suite, on entre dans le domaine plus radiophonique, avec l’étude de la modulation, des oscillateurs et du fonctionnement des émetteurs et récepteurs. Enfin, la lumière au bout du tunnel apparaît avec les derniers chapitres consacrés à la propagation et aux antennes, qui viennent achever la formation avant de commencer les sessions de révision.
Ce qui m’a aidé
Même si les instructeurs font tout leur possible pour répondre à toutes les questions, il m’est arrivé de ne pas comprendre certains sujets. L’électricité n’étant pas intuitive (en tout cas pour moi), j’avais parfois besoin d’explications plus simples ou d’une autre approche pour bien saisir certaines notions.
Pour y remédier, j’ai consacré quelques heures à visionner des vidéos de deux chaînes YouTube que je recommande vivement :
F4ISB : une chaîne orientée examen, avec des explications simplifiées
Electronique Pratique : des démonstrations concrètes et faciles à suivre
En complément, l’intelligence artificielle peut être un excellent outil pour clarifier certains thèmes. Personnellement, j’ai beaucoup progressé en demandant à l’IA d’expliquer certains concepts avec des analogies.
Par exemple, l’analogie de l’eau pour comprendre l’électricité et le flux de courant ou l’analogie du cavalier et du cheval pour visualiser la transmission d'un signal audio avec une porteuse. Ces images rendent le concept beaucoup plus concret et m’aident à débloquer certaines questions.
Il ne faut pas hésiter à expérimenter et trouver sa propre méthode pour comprendre vraiment un sujet, car c’est le but final. Si un thème n’est pas compris, il sera difficile de résoudre correctement un problème d’épreuve qui s’y rapporte. En revanche, une fois qu’un concept est assimilé, résoudre un problème devient beaucoup plus rapide et demande beaucoup moins d’énergie.
Aussi, je conseille de travailler directement les exercices à l’aide du recueil de formules que l’OFCOM propose. C’est le seul document autorisé pour l’épreuve. Même chose pour la calculatrice : il faut s’entraîner avec la même que celle utilisée le jour de l’épreuve afin de la maîtriser parfaitement et d’éliminer un souci supplémentaire.
Les révisions
Une fois toutes ces connaissances accumulées, il est temps de mettre de l’ordre dans sa tête et de commencer des révisions sérieuses pour l’épreuve. C’est à ce moment qu’il faut fournir le plus d’énergie possible et faire preuve de discipline. C’est la dernière ligne droite : on en a peut-être assez, mais il est indispensable de s’entraîner avec assiduité sur les exercices et les formules. Le jour de l’épreuve, le stress sera élevé et le cerveau ne fonctionnera pas à pleine capacité ; c’est pourquoi il est crucial d’avoir atteint un haut niveau de maîtrise lors des révisions à la maison.
Il faut donc consacrer du temps à l’étude chaque semaine, en plus des cours, et probablement prolonger les révisions le week-end pour consolider les connaissances et assurer une préparation optimale. Chacun étudie à sa manière et selon ses capacités et limites, mais il est important de se donner le temps nécessaire pour être à l’aise avec les exercices et les formules. Je reconnais volontiers que ce travail intense est exigeant et qu’il peut également peser sur l’organisation familiale, mais il est malheureusement essentiel pour maximiser les chances de réussite.
Aussi, les questions techniques et législatives sont mélangées mais n’ont pas la même valeur. Il est donc vivement recommandé de viser un sans-faute sur les questions législatives (c’est essentiellement du par cœur). Ainsi, même si la partie technique n’est pas un point fort, il y a de bonnes chances de réussir l’épreuve sans répondre correctement à toutes les questions techniques. C’est un petit “glitch dans la matrice”, autant en profiter !
L’épreuve
Direction Rue de l’Avenir 44 à Bienne. Il faut emporter sa convocation, son code d’identification reçu par l’OFCOM lors de l’inscription, un bloc de feuilles et un crayon ainsi que sa machine à calculer. Si l’on est venu en voiture, quelques places de parc sont à disposition à la Rue des Artisans derrière le bâtiment (ne pas oublier d’annoncer son immatriculation à la réception). Autrement, le parking le plus proche — hormis les zones bleues environnantes — est celui de la gare. Après l’annonce au guichet, on est invité à patienter dans la salle d’attente dotée d’une fontaine à eau et d’une machine à café.
Au moment venu, un expert vient à la rencontre du candidat, explique le déroulement de l’épreuve et dirige celui-ci vers la salle. L’épreuve se déroule sur une tablette électronique, dont l’utilisation est simple et intuitive. Il est possible de naviguer librement entre les 40 questions, de revenir en arrière à tout moment et de laisser temporairement une question pour y revenir plus tard si elle n’est pas claire. Les deux seuls documents autorisés — le recueil de formules et les tableaux d’aide — sont mis à disposition durant l’épreuve.
Une fois toutes les questions répondues, il suffit de confirmer la fin de l’épreuve sur la tablette. Le résultat s’affiche immédiatement, et l’on sait aussitôt si l’épreuve est réussie.
Conclusion
L’épreuve impose une préparation très spécifique, parfois assez éloignée de la réalité de la pratique de la radio. Il faut assimiler des notions parfois pointues ou théoriques, non pas parce qu’elles seront indispensables dans l’activité de radioamateur, mais simplement parce qu’elles font partie du cadre officiel exigé pour obtenir la licence.
Dans les faits, une grande partie — près de la moitié ? — de ce qui aura été mémorisé pour le jour J s’efface naturellement avec le temps : le cerveau retient surtout ce qu’il met réellement en pratique. Maîtriser les calculs autour d’un montage de transistors ne sert en rien pour devenir un bon opérateur radio.
C’est ainsi, et il n’y a pas vraiment le choix : il faut se plier à cette étape réglementaire pour devenir radioamateur et profiter de ce hobby.
David HB9IPL